Le concept de trouver sa moitié est-il désuet ?

Certes «  trouver sa moitié » nous renvoie  au roman romantique et peut être rattaché  au premier abord  à l’étiquette grand sentimental, voire carrément fleur bleue. A la suite d’un petit sondage sur le sujet, j’ai obtenu des réponses aussi variées, en fonction des différentes obédiences des participants, que dépendance affective, perte de mon individualité, partage des frais, les impôts, les enfants…. etc.  Preuve une fois de plus que le marketing nous a bien formaté pour nous préparer à la consommation.

En effet, Jean-Paul Sartre dans l’Etre et le Néant nous explique comment une relation intime noue subtilement notre liberté au regard d’autrui, et comment le regard d’autrui  transforme l’objet humain en sujet vivant.

En conséquence, ma moitié, loin de me faire perdre mon entièreté, devient le miroir humain dont j’ai besoin pour me construire. La relation intime est donc fondamentale  dans ma construction. Le concept de « trouver sa moitié »  reviendrait à trouver la personne qui jouera le rôle de miroir et qui me renverra une image de moi-même me permettant de devenir une meilleure personne. Autant dire que si la personne avec laquelle je partage ma vie est toxique. Ma construction risque d’être compliquée.

A la lumière de ce constat, il parait évident que cette moitié est rare, car elle doit correspondre non seulement  à un besoin de bienveillance à mon égard, mais doit provenir de quelqu’un pour qui je vais aussi être le miroir bienveillant constructif. Réciprocité qui conclue à une entente parfaite.

Je suis désolé de constater que le marketing commercial et la recherche de la rentabilité maximale aient conduit à formater l’individu à cet individualisme forcené. En même temps, il permet d’alimenter financièrement  pléthore de centres commerciaux qui profitent de cette manne d’individualités esseulées en proie sans le savoir à une frustration construite pour les pousser à la compenser par une pulsion d’achat.

Fort heureusement à ce jour de nombreux coaches de toute obédience  jouent le rôle de ce miroir quand il fait défaut mais il n’est pas présent 24 sur 24 et représente un certain investissement financier

Ce qui me conduit à conclure que oui nous avons tout intérêt à trouver notre moitié bienveillante et qu’ «  il y a plusieurs personnes avec qui l’on pourrait partager sa vie, mais il n’existe qu’une seule personne sans laquelle on ne pourrait pas vivre correctement », celle que l’on peut appeler : « sa moitié » ! Qui n’est pas la moitié de ma propre entité mais la moitié parfaite de ma relation intime qui m’aide à compléter ma propre entité en me renvoyant le miroir bienveillant dont j’ai besoin. Pour ceux qui paniquent à l’idée de ne pas avoir leur moitié et qui pourraient penser : « oh mon dieu je ne peux pas me construire, je suis perdu !!! », rassurez-vous. Nous sommes tous le miroir de l’autre donc même si c’est plus compliqué, soyez le miroir des personnes seules et elles seront le vôtre.